[Ancien] Edouard Cissé

« Je n’arrive pas comme une star »



Usé mentalement, Edouard Cissé n’a pas hésité à franchir le pas lorsque la pépite Besiktas s’est présentée. Au PSG depuis dix ans, « Doudou » part sans regret et débarque en Turquie en toute modestie.

Edouard Cissé, qu’est-ce qui a motivé ce départ soudain au Besiktas ?
Il y a un mois, le Besiktas a montré son intérêt envers moi. J’étais tranquillement en vacances à ce moment-là. Il y a une quinzaine de jours, il est revenu à la charge. A partir du moment où le club a accepté la proposition et n’a rien fait pour me retenir, le choix était vite fait. Le paramètre économique fait que personne n’était intransférable au PSG. Tout le monde y trouvait donc son compte.

Quand avez-vous pris cette décision exactement ? Durant vos vacances ?
Non, j’étais encore à fond PSG pendant mes vacances. Jusqu’à la reprise, je me suis préparé comme un joueur du PSG. Deux jours avant, j’ai su que Besiktas était très intéressé. Donc c’est vrai que pendant deux-trois jours, j’avais un peu la tête ailleurs. Je me demandais ce que je devais faire. Mais une fois que la machine était lancée et que j’ai su tous les tenants et aboutissants de cette affaire, j’ai fait mon choix.

Saviez-vous déjà dans l’avion pour Istanbul que vous alliez signer au Besiktas ?
Oui, il y avait une bonne partie du chemin qui était faite. Car il y avait quand même pas mal de points positifs pour que je signe là-bas. Maintenant, l’élément déterminant a été les infrastructures : je n’avais jamais vu ça ! En même temps, quelque part, mon idée était déjà de signer quand j’étais dans l’avion car j’avais sous les yeux les journaux locaux qui montraient mon maillot avec mon numéro… C’était une bonne pression.

Pouviez-vous refuser une proposition pareille financièrement parlant ?
Au départ, c’est ce qui m’a poussé à réfléchir et à analyser plus attentivement cette offre. Car ça fait quand même beaucoup (ndlr : 160 000 € par mois). Et en tant que professionnel, j’étais obligé d’écouter cette approche. Mais je ne serais pas allé là-bas pour tout l’or du monde et seulement ça. Il fallait quand même une certaine garantie. J’ai vu que la ville avait beaucoup de charme et j’ai senti l’envie des dirigeants de m’avoir.

« Je savais que ça ferait parler »

Vous deviez vous douter que l’on allait vous taxer de mercenaire ?
Non, pas de mercenaire car des mercenaires, il y en a partout. De toute façon, à partir du moment où un joueur ne part pas dans l’un des deux-trois championnats que l’on connaît en France, il est taxé de pré-retraité. Quelle que soit ma décision, je savais qu’il y aurait des qu’en dira-t-on et que mon départ ferait parler. La question était donc seulement pour moi d’être dans un club qui me désire et où je me sente bien. J’ai été bien accueilli et il y a tout ici pour que je fasse bien mon métier. Ça fait beaucoup d’avantages à l’arrivée. Et c’est tout ce qui compte.

Peut-on vraiment parler d’accueil tant c’était de la folie à l’aéroport lors de votre arrivée (ndlr : 2 000 supporters étaient présents) ?
Je savais que le Besiktas était le club du peuple donc le plus populaire et j’étais flatté d’entrer dans ce club qui possède une vraie histoire. Mais je n’aurais jamais pu m’attendre à voir autant de passion autour de mon arrivée. La France pense qu’elle est un pays de passionnés mais c’est incomparable avec ce que je viens de connaître en Turquie.

Comment imaginez-vous votre intégration dans ce club turc ?
Déjà, je tiens à préciser que j’ai à ma disposition un interprète qui parle super bien français. Il est quasiment tout le temps avec moi depuis que je suis arrivé. Le club veut que je m’intègre rapidement et c’est mon souhait aussi. Après, j’espère simplement que sur le terrain, tout ira bien dès le début. Ils veulent que je joue devant la défense. Ça va être un peu comme lors des premiers mois avec Paul où il me demandait de colmater les brèches et d’équilibrer l’équipe. Ce qui a permis à Jérôme Rothen de briller, on l’oublie souvent (rires). Ensuite, en fonction des matchs, le fait d’avoir un joueur plus défensif à côté de moi me permettra de monter, de créer des choses et de frapper. Mais avant de penser à prendre des initiatives, on me demande d’abord d’être récupérateur.

Vous parlez d’un interprète mais on a l’impression que vous êtes un peu « le roi » là-bas depuis votre arrivée…Non, ce n’est pas ça. C’est juste une approche totalement différente. Ils ne me portent pas au ciel, ils montrent juste qu’ils sont contents d’avoir un joueur de mon calibre dans leur équipe. Cela a créé une petite effervescence pendant quelques temps mais maintenant, je suis un joueur comme les autres. Je dois faire mes preuves et tout faire pour aider l’équipe. C'est-à-dire être un bon joueur et refaire les mêmes perf’ qu’à Monaco ou Paris. Mais il ne faut surtout pas croire que j’arrive comme une star et que l’on me laissera passer beaucoup de choses. Je ne mets pas ça en tête. Cet accueil m’a juste prouvé que j’étais désiré. Ça me met dans les meilleures conditions pour m’épanouir et exprimer mon potentiel du mieux possible.

« Au PSG, j’ai fait le tour »

Avez-vous conscience de ne plus appartenir au PSG qui représente tant pour vous ?
C’est aussi la vie de footballeur de changer de club. A partir du moment où tu pars sans regret et avec la sensation d’avoir tout fait, d’avoir été en règle et en paix avec toi-même… Les dirigeants m’ont appelé pour me dire que c’était super pour moi. Donc c’est une séparation qui s’est bien passée. Il n’y a pas de regrets à avoir, c’est une autre expérience, une autre aventure. Outre l’aspect sportif, il y a un choix de vie et de culture qui est très important ici et que j’avais envie de tenter à 29 ans.

L’idée de quitter Paris vous était-elle déjà venue ces dernières années ?
Oui, il le fallait. Pour grandir, il faut bouger. Rester à Paris n’était peut-être pas bénéfique pour moi. Il fallait donc que j’aille relever un challenge ailleurs. Mais pas ailleurs en France car je ne me voyais pas revenir au Parc avec un autre maillot. C’était forcément à l’étranger.

Depuis le départ de Laurent Fournier, vous aviez pris beaucoup de coups et connu plusieurs épisodes difficiles…
Oui, et c’est un peu tout ça qui m’a usé psychologiquement aussi. Donc il était peut-être temps pour moi de partir. Les changements de direction ou d’entraîneur tous les six mois, c’est usant. Arrivé un moment, tu as envie de connaître autre chose, tout simplement. En plus, au PSG, je pense avoir fait le tour. Je leur souhaite bonne chance et j’espère qu’ils vont retrouver avec Paul (Le Guen) de la stabilité et un groupe capable d’être performant pour ces prochaines saisons.

Craigniez-vous de revivre cette saison les mêmes galères que la saison dernière où l’on vous avait rarement vu aussi peu bavard et souriant ?
C’est vrai que ça a été très dur pour moi de jouer dans une équipe avec d’aussi mauvais résultats. Ce n’était pas évident. Je ne prenais pas trop de plaisir. J’ai fait pas mal de choses pour le collectif, j’ai joué latéral droit… Ce sont des détails mais c’était quand même pesant. D’autant que les résultats ne venaient pas. Nous sommes tombés dans un doute. Ça a été une année difficile et j’ai peut-être, c’est vrai, encore plus réfléchi suite à cette saison-là.

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